Etonnamment c’est une petite scène de rue qui m’a inspirée le sujet de cette nouvelle newsletter. Un jeune homme planté devant une petite œuvre en mosaïque accrochée à l’angle d’un mur se tenait téléphone à la main. Un bruit de type « game over » propre aux jeux vidéos lui indique qu’il n’est pas devant un Invader. Il s’écrie à voix haute : « c’est un faux ! ». Et là je me dis que ça va un peu trop loin ! Certes Invader a été le 1er artiste a coller ses « space invader » réalisés en mosaïque dans les rues ; mais cela ne sous entend pas que les artistes utilisant le même médium de travail sont des copieurs ou réalisent de faux Invader. Il est probable que l’utilisation du même medium ait été inspirée par Invader et cela fait des décades que des artistes en inspirent d’autres. La peinture classique inspire l’art urbain, l’actualité inspire l’art urbain, l’air du temps inspire parfois plusieurs artistes qui ne se sont jamais rencontrés à créer des œuvres présentant des ressemblances significatives. À partir de cette petite anecdote, je me suis amusée à rassembler des œuvres qui présentent des similitudes, utilisent le même medium ou s’inspirent de courants artistiques forts et même directement d’œuvres muséales. Et comme vous le verrez au fil de la newsletter, les similitudes peuvent parfois devenir troublantes !
Mosaïque quand tu nous tiens !
J’ai moi-même chassé des centaines d’Invader et bien évidemment téléchargé cette petite App qui permet de cumuler des points à chaque œuvre découverte. Ce fameux jour où l’App m’a fait le coup du « game over » m’est aussi arrivé. Mais je ne me suis jamais dit c’est un faux… Plutôt « tiens un nouvel artiste » !
Certes ces artistes utilisent quasiment le même medium, mosaïque de marbre ou pâte de verre, mais leurs sources d’inspirations sont assez différentes. Ils s’amusent dans l’univers du Pixel Art à décliner leur propre monde. In the Woup que l’on retrouve dans la région lyonnaise est un véritable geek et ses personnages qui s’apparentent souvent à de gentils monstres sortent de l’univers de jeux vidéos, des mangas,…
Dans un tout autre registre, avec beaucoup d’humour, l’artiste MifaMosa réinterprète les plaques des noms de rues partout dans l’hexagone ! En 5 ans il a réalisé plus de 100 œuvres et s’amuse à poser des cornets de frites pixellisé rue des Belges, un paysage nocturne à la Van Gogh rue de Nuits à Lyon ou encore La jeune fille à la perle de Vermeer, rue de la Perle à Paris. Il mixe avec dextérité Art du Pixel et références culturelles classiques afin de nous offrir un clin d’œil qui nous fait systématiquement sourire.
On retrouve aussi sur les sols des grandes villes les nids de poules remplacés par des mosaïques, dans ce registre les artistes les plus connus sont Jim Bachor aux Etats-Unis ou encore Ememem en France. Avec ce concept le nom de Pixel Art a été abandonné pour devenir « Flacking ».
Comme vous pouvez le voir; un même medium peut offrir des univers très différents. Personne ne copie personne, les seuls liens entre ces artistes sont la mosaïque et la rue bien sûr ! Mais qu’en est-il chez les graffeurs ?
Ces drôles d’animaux qui se ressemblent !
On les trouve à Lyon, Paris, Barcelone, Ibiza ; ces drôles de caractères devenus les signatures des graffeurs. Ils s’appellent El Pez, PEC, Monsieur Poulet et représentent tous un animal stylisé. En fait au premier abord pour certains de ces artistes ont pourrait s’y méprendre et puis petit à petit notre œil s’habitue au jeu des différences et différences il y a.
L’artiste PEC à Lyon pose ses drôles d’oiseaux sous les ponts du périphérique, le long des autoroutes et il expose également en galerie. On retrouve les couleurs acidulées propre au graff’ dans son personnage. Il s’appelle Knar, il est rond, espiègle, enfantin, joyeux,… il donne tout simplement le sourire.
Le personnage d’El Pez n’est pas un oiseau mais plutôt un drôle de poisson avec de courtes gambettes. Sa tonalité bleue rappelle certes le personnage de PEC, mais il est beaucoup plus anguleux graphiquement et son caractère est beaucoup turbulent. Son vrai point commun avec PEC.. le sourire bien sûr !
Et que dire du personnage de Monsieur Poulet qui picore les murs de Bordeaux avec des jeux de mots parfois un tantinet potache ! Lui aussi acidulé, lui aussi a de grands yeux écarquillés et lui aussi prête à sourire. Il semblerait donc que ces artistes nous offre tout simplement un petit instant sourire avec des personnage aux étranges similitudes.
On pourrait jouer à ce jeu des similitudes pendant longtemps. Regardez ce personnage, encore un drôle d’oiseau, découvert dans les rues de Poblenou à Barcelone. Je n’ai toujours pas identifié l’auteur, donc n’hésitez pas à m’aider ;-)
Je pourrais être intarissable à ce petit jeu là, car quand je m’y suis attaquée j’ai compris qu’en fait il pouvait faire le sujet d’un livre ! Je m’y attèlerais peut-être un jour, mais comme le propre d’une newsletter est l’actualité je vais finir par celle d’Octobre qui me paraît paradoxale !
En Octobre l’art urbain devient payant !
Oui vous avez bien lu ! Le propre de l’art urbain est d’être accessible à tous… Donc de l’art urbain payant c’est complètement antinomique ! Mais voilà les deux grands rendez-vous urbains de la rentrée que sont le Colors Festival à Paris et le Festival Peinture Fraîche à Lyon, sont payants! Certes vous pourrez y découvrir des artistes en Live, des œuvres uniques,… mais d’autres lieux éphémères ont réussi à garder intacte l’âme de l’art de rue en trouvant des mécènes, bougeant des montagnes pour réussir à ouvrir leurs portes sans contrepartie monétaire. Je ne couvrirais pas ces événements par des articles ; car je m’impose une ligne éditoriale stricte, loin des valeurs monétaires et du marché de l’art. Mais je me devais de vous en parler car ces rendez-vous deviennent incontournables. Pour ma part je continuerais à vous présenter des lieux détonants ; comme l’Espace transition éphémère à Abbeville, L’Essentiel à Paris ou encore le Spot 13 qui est toujours en activité. Lieux dans lesquels vous pourrez aller déguster du Street Art sans un euro en poche !
Exclusivité Newsletter !
Voici la plus belle explosion d’art urbain vécue par la ville de Paris depuis la naissance du Spot 13. Tout a commencé par un embellissement du Tunnel des Tuileries avec l’aide d’artistes urbains. La mairie de Paris lance le projet avec comme commissaire d’exposition Nicolas Laugero-Lasserre (Fluctuart). Vous avez pu lire de très beaux articles dans toute la presse avec de magnifiques photos des œuvres commandées. Mais voilà comment imaginer que les graffeurs n’allaient pas s’immiscer dans le projet ! Comment imaginer que ces œuvres allaient rester intactes ! En fait d’une « exposition » d’art urbain, c’est une explosion à laquelle nous avons droit avec un renouvellement des œuvres à une vitesse grand V. J’y suis allée pour vous faire découvrir quelques unes des œuvres illégales et j’y retournerais pour faire un article plus conséquent sur ce tunnel qui pourrait devenir mythique si la mairie de Paris le souhaitait ;-)
Bientôt sur le blog :
Il m’est souvent difficile à l’avance de savoir où mes pas me porteront et quel nouveau spot sera assez fou pour me donner l’envie de vous écrire un article ! Une chose est certaine, vous découvrirez prochainement les meilleurs spots de Street Art d’Ibiza, un lieu incroyable aux portes de Paris et aussi les photos du lieu le plus secret des graffeurs d’île de France. Chut c’est secret ;-)
Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter de merveilleuses vacances de la Toussaint sans essence, sans train et peut-être sans électricité ; mais avec de belles découvertes à faire dans les rues de vos villes ;-)
À très très bientôt pour de nouvelles aventures Street Art.
Séverine
Merci Séverine👍👍🌈